Les expos du 9 : Ferrage_Montluçon

Les expos du 9 : Ferrage

Exposition à Montluçon
  • De la figuration comme paravent.

  • Je constate que je peins, que je dessine. C’est factuel, non décidé, non résolu.
    Longtemps, je croyais que dessiner, peindre ou écrire répondait aux sollicitations d’un monde qui, dans ses interstices, laissait parfois briller de la lumière ; on la buvait alors en déflagrations brutales d’émotions pures. Tout alors faisait foudre : film, texte, musique, petits bonshommes dessinés ou coups de brosses frénétiques exposés dans des musées, lumières de Tananarive ou de Lisbonne, odeur des fleurs...
    Je constate que je peins, que je dessine. C’est factuel, non décidé, non résolu.
    Longtemps, je croyais que dessiner, peindre ou écrire répondait aux sollicitations d’un monde qui, dans ses interstices, laissait parfois briller de la lumière ; on la buvait alors en déflagrations brutales d’émotions pures. Tout alors faisait foudre : film, texte, musique, petits bonshommes dessinés ou coups de brosses frénétiques exposés dans des musées, lumières de Tananarive ou de Lisbonne, odeur des fleurs de frangipaniers. Les œuvres qui me touchaient, toutes les formes de beauté que je recevais, m’ouvraient un infini où je me devais de creuser mon espace. Le besoin de le faire n’était pas interrogé ; c’était une évidence ; je me construisait constitutif de cet espace.
    Je m’inscrivais, naissant un peu à chaque coup de pelle.
    C’était assez mignon, tout cela, si l’on veut bien le voir ainsi.
    Bien sûr, ce n’est plus ainsi que je le vois aujourd’hui.
    C’est que les déflagrations brutales d’émotions pures, c’est bon pour l’enfance, prolongée tant qu’elle le peut. Et puis, elle ne le peut plus. Dans le pire des cas, dans le mien aussi, on peut voir autrement la beauté : comme un paravent qu’on a lâchement laissé se dresser devant la réalité.
    Ce n’est pas désagréable, le beau ; seulement, la réalité, elle, elle est derrière. Et le monde merveilleux de l’exception bouleversante, en lequel j’ai trop longtemps aspiré à me réfugier, je le soupçonne d’avoir souvent été dû, au mieux, au hasard, au malentendu pour le pire ; et la plupart du temps, à un effort peut-être en partie méritoire d’illusionnisme auquel j’acceptais de participer en dupe.
    Dans cette perspective de désillusion qui se voudrait lucide, pourquoi dessiner, peindre ?
    Et pourquoi frénétiquement ?
    Au point où j’en suis, je ne sais pas. Illusionniste, moi aussi. Sans doute, je me fais patienter.
    S’il faut s’en justifier, et sans du tout y croire, je me dis que, à mon échelle, je fais ce que je peux, et que j’apprends à faire. Voilà : c’est un alexandrin. On peut en faire un slogan ; le graver sur un mug.
    En faire le titre d’une exposition.

    Alors, Comment la chose fonctionne-t-elle ? Y a-t-il un processus ?
    C’est la main qui décide d'abord ce qui se trace ; puis, on réalise que, seule, la main n’est rien : viande sans décision. Alors, et dès qu’il y a trace, on la contraint. On lui dit quoi. Elle veut, elle ne veut pas, on l’oblige parfois et souvent, on la suit. On l’accompagne. On garde ses accidents, chacun de ses traits, précis ou maladroits, chaque trace de doigt, chaque tache. Ils sont une autre main, accueillie pour don précieux, bénédiction. Ils sont propositions miraculeuses. Ils suscitent.
    Aucun dessin n’est abandonné. S’il ne se suffit pas, il n’y aura qu’à le reprendre, puis le reprendre ; puis, le reprendre. L’échec n’existe pas, il n’existe que des propositions de travail, des stimuli à parfaire ; à finir d’accomplir.
    Et puis, le dessin est fini. On passe à un autre. Plus tard, on le retrouve ; Bien souvent, on l’avait oublié. Entre temps, du temps : et le dessin n’est plus fini. On le reprend alors.
    On le surcharge. On l’enlaidit ; le gâche. Il ne sera plus jamais joli comme il aurait pu être. À nous : de le rendre joli comme il faudra bien qu’il soit. Ou bien, pas joli. Comme il gagnera à devenir.
    Comme nous, somme toute.

    Ceci se fait à l’encre. Au pastel. En peinture. Au gesso. Ce qu’on voudra, et qui se sera imposé en tant que mal nécessaire. Ceci, c’est la cuisine. Cela devrait n’intéresser personne.
    Et puis, le machin est fait. Lassitude, peut-être. Fini par ennui, abandon. C’est alors qu’on se demande, me demande : ce qu’il affirme, révèle. Ce qu’il porte en lui. C’est là un autre travail – au sens, entre autre, de l’effort de mise-en -vivre. De ce travail, on s’en nourrit, on donne sens ; on interprète. On est alors acteur. De ce qu’on a subi, reçu. C’est là une autre histoire.
    Chacun a eu la sienne. Chacun y verra ce qu’il en sait, comprendra ce qu’il en peut.
    Je n’ai pas plus raison sur ce point que les autres.

    Ferrage
  • Langues parlées
    • Français
  • Tarifs
  • Entrée libre
Horaires
  • Du 5 septembre 2025
    au 4 octobre 2025
  • Lundi
    Fermé
    -
  • Mardi
    10:00 - 12:00
    14:00 - 18:00
  • Mercredi
    10:00 - 12:00
    14:00 - 18:00
  • Jeudi
    10:00 - 12:00
    14:00 - 18:00
  • Vendredi
    10:00 - 12:00
    14:00 - 18:00
  • Samedi
    10:00 - 12:00
    14:00 - 18:00
  • Dimanche
    Fermé
    -